Après avoir été retenue en Chine pendant plus de trois ans, la journaliste Cheng Lei est rentrée dans son pays d’origine, l’Australie.
Lors de l’annonce de sa libération, le Premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré : “Elle a été accueillie à l’aéroport par la ministre des Affaires étrangères Penny Wong.”
Lorsque Cheng Lei, 48 ans, a été arrêtée le 13 août 2020, elle travaillait comme journaliste économique pour CGTN, la chaîne de télévision publique chinoise en langue anglaise. Plus tard, elle a été accusée d’avoir “fourni illégalement des secrets d’État à l’étranger”. Ces accusations n’ont jamais été divulguées.
Mme Cheng a été libérée à un moment où les relations glaciales entre Canberra et Pékin semblent se réchauffer. En raison des tensions croissantes entre les deux pays pendant la pandémie, la Chine a interdit les exportations australiennes, notamment d’orge, de charbon et de bois. La levée de ces restrictions au début de l’année a été le premier signe d’un assouplissement progressif de l’impasse diplomatique.
Après la libération de Mme Cheng mercredi, M. Albanese a déclaré que cela lui permettrait de se rendre en Chine à une “date convenue d’un commun accord” cette année. Il a également indiqué que Mme Cheng et ses deux enfants avaient été réunis à Melbourne. Il a ajouté : “Son retour met fin à quelques années très difficiles pour sa famille. Le gouvernement cherchait cela depuis longtemps et son retour sera accueilli chaleureusement non seulement par sa famille et ses amis, mais aussi par tous les Australiens.” Il a également indiqué qu’il s’était entretenu avec elle au téléphone plus tôt dans la journée de mercredi.
Il a indiqué que son affaire “a été résolue par le système judiciaire chinois”.
Mme Cheng a été détenue à l’isolement pendant les six mois qui ont suivi son arrestation en Chine, sans avoir été inculpée. Elle a été jugée en secret par un tribunal chinois en mars dernier. Graham Fletcher, l’ambassadeur d’Australie en Chine, a tenté en vain d’entrer dans la salle d’audience pour assister aux débats. Les charges retenues contre elle étaient également inconnues de ses proches.
Selon un communiqué du ministère chinois de la sécurité d’État, Mme Cheng a été expulsée mercredi à l’issue de sa peine de deux ans et onze mois. Ce communiqué précise qu’elle a plaidé coupable des faits qui lui sont reprochés. Pékin a très certainement compté la période de détention de Mme Cheng avant son procès au début de l’année 2022.
Mme Cheng est née en Chine et a déménagé à Melbourne, en Australie, avec sa famille lorsqu’elle avait dix ans, afin que son père puisse poursuivre ses études de doctorat. Elle est ensuite retournée en Chine, où elle a rejoint CGTN en 2012.
En août, elle a écrit une lettre ouverte au peuple australien, faisant part de ses premières remarques publiques concernant sa captivité. Le message avait été dicté à un groupe de diplomates autorisés à s’entretenir avec elle une fois par mois.
“Le soleil me manque. Dans ma cellule, le soleil brille à travers la fenêtre, mais je ne peux y rester que 10 heures par an. Je n’arrive pas à croire que j’évitais le soleil lorsque je vivais en Australie… Il va probablement pleuvoir pendant les deux premières semaines de mon retour à Melbourne. Je n’ai pas vu d’arbre depuis trois ans”, a-t-elle écrit.
