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Saturday, May 11, 2024

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Ashok Subron : « Les Travailleurs Doivent Vite S’organiser Sous Les Valeurs De La Vie, La Solidarité Et La Liberté »

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Le 1er mai est cette journée importante sur l’importance du Travailleur. Symbolique de l’émancipation face à l’exploitation qui a été justement symbolisé « en 1922 par un arrêt de travail par tous les travailleurs des champs, et d’eux même. Ce n’est qu’en 1938 que le Parti Travailliste a perpétué cette commémoration » livre Ashok Subron porte-parole des organisations General Workers Union, Resistans Ek Alternativ et les travailleurs de l’industrie Sucrière. Le Syndicaliste acerbe nous livre les combats sociaux, économique, écologique et politique que les travailleurs ont et auront à faire face ici et dans 50 ans encore tout en gagnant décemment leurs vies. Selon son calcul mathématique qu’il explique plus bas, propose que le salaire minimal soit haussé à Rs 13 500 avant le budget 2022 et qui sera graduellement et automatiquement haussé après les augmentations. Selon ce calcul, un salarié aurait du toucher environs Rs 33 000 actuellement… Il est convaincu que tout est encore possible si les travailleurs se mobilisent.

En ce jour commémoratif de son combat depuis plus de 40 ans il sera en Live sur les réseaux sociaux en ce 1er mai de 10h15 à 12h30 lors d’un rassemblement restreint sous le thème de Valer Lavi Travayer à Sables Noire à Grande Rivière Nord-Ouest au siège de Artisans & General Workers Union (AGWU).

Quel est le symbolisme du 1er Mai en 2022 ? 

Avec la pandémie, les restrictions, la crise climatique et malgré le désintérêt de la population envers la politique traditionnelle, le symbolisme reste tout autant fort car la valeur du Travailleur, qui à Maurice est comptabilisé par environs 800 000 sur la population de 1.3 million, reste le même. C’est-à-dire capitalisé autour de trois valeurs essentielles : la Vie, la Solidarité et la Liberté. Le 1er Mai reste un jour très important car le travailleur se rappelle de ses droits et son symbolisme à lui dans la société.

Est-ce que la fête du Travail s’est résumée en un congé sans intérêt et sans engagements ?

Disons que oui, littéralement a un congé public comme un autre, surtout avec les restrictions imposées avec la Covid 19. Mais le travail continue à se faire via les réseaux sociaux et les messages diffusés en directe et nous témoignons que les engagements et les intérêts sont même plus intensifiés. La pandémie aura eu un effet favorable, les restrictions de rassemblements a ouvert la voie à la Voix des Mauriciens sur les réseaux. Ils se sont ouverts et dénoncés avec plus de fougue et dans une intensité sans précédents. L’épisode Wakashio peut en illustrer. D’ailleurs nous luttons pour faire lever cette restriction sans aucune rationalité couplée d’une organisation de la Police qui se positionne comme cet instrument du pouvoir et qui a opté de défendre les intérêts des politiciens de l’état que l’intérêt des citoyens, allant même jusqu’à bafouer une injonction de la cour, comme dans le cas de la déportation du Slovaque Peter Uricek et heurtant un homme de loi, Me Yatin Varma.

Quel est le poids du Syndicalisme en 2022 ?

Le Syndicalisme n’a pas perdu de son sens. Bien entendu, depuis la fin des années 90, nous assistons à un certain déclin du syndicalisme, car les secteurs se sont diversifiés et ainsi, le nombre amoindri par secteur résulte à une quantité plus fine de ce qu’on appelle travailleurs organisés se trouvant dans un syndicat organisé. Auparavant, si l’industrie sucrière regroupait au-delà de 60 000 salariés, aujourd’hui ce grand secteur n’en réunirait que 3000 environs. Idem dans le secteur du transport public ou il y a maintenant un ‘split’ avec l’avènement des Vans, le Metro… A titre d’exemple, dans les BPO la structure de la syndicalisation n’est pas encore bien formée et il lui faudra du temps. Puis il y a un fait incontournable, le manque de solidarité entre travailleurs, surtout dans le secteur privé, où, soit ils attendent de la magie de la part des syndicalistes ou encore ils passent à autre chose une fois leurs problèmes personnels réglés, ainsi ne prêtant pas main forte aux problèmes de natures semblables ou différentes rapportés par les autres. C’est à l’unisson que les combats syndicaux sont gagnés. Dans le public, nous rencontrons moins de tels problèmes, le poids du syndicalisme est plus fort. Reste que, la Covid 19 a été en faveur du rassemblement dans la classe ouvrière et des salariés malgré les restrictions.

Le syndicalisme maintient son rôle de ‘spearhead’ dans ces enjeux sociaux, politiques, écologiques et économiques, en se montrant rassembleur sur les conflits de classe et dissipateur des conflits de race.

Diriez-vous que les travailleurs sont dans une acceptation totale ou sinon une résignation avec les diverses crises mondiales ?

Non, ces crises mondiales ont démontré plutôt le contraire. La preuve avec la marche pour la liberté du 11 juillet 2020, dans les rues de Port Louis, le premier grand rassemblement post-Covid-19 par Le Kolektif Konversasyon Solider qui a regroupé divers syndicats et organisations de la société civile. Cette manifestation qui a regroupé environs 10, 000 participants faisait suite au vote de la « Covid-19 Act » et de la « Quarantine Act » et des mesures budgétaires. Les thèmes directeurs étaient justement la vie, la solidarité et la liberté. Le travailleur connait ses droits et ne sera ni dans l’acceptation de l’exploitation et ni dans la résignation face à la situation mondiale, ni par les jeunes, ni par les femmes. D’ailleurs le peuple mauricien a fait tomber tous ceux qui sont venus gouverner pour Dominer.

Parlez-nous brièvement du droit à la protestation actuellement

L’île Maurice est née dans la négation des droits humains avec l’esclavagisme, les Coolies, le colonialisme entre autres. Mais le peuple a toujours et reste toujours contre une attitude ou méthode, la Domination ou l’Autocratie. Les réflexes autoritarismes du gouvernement actuel font parfois peur, tout autant que les méthodes de Pravind Jugnauth que nous qualifions de ‘Composition chimique’ pour gagner les élections. La réaction de la population peut résulter en une riposte incontrôlable. Nous avons évité une riposte générale il y a une semaine ou c’était justement la jeune génération qui a pris les devants avec un esprit très chaud. Nous ne cautionnons pas l’acte de violence ou encore les émeutes. La racine de toute protestation doit être enquêtée et comprise. Dans les années 37 à 40, le Commissaire Coloniale avait envoyé ses agents pour mieux éclairer les raisons des ripostes de l’époque. De nos jours, le gouvernement actuel qualifie de ‘Désordres’ les protestations.

Le syndicalisme nous apprend la protestation pacifique sans intérêts politiques ou affiliations avec l’opposition, en masse comme les dernières protestations en lice en 2021 au 11 juillet 2020, le 29 août ou encore au 12 septembre à Mahebourg.

Comment, en tant que Syndicaliste, activiste et militant, estimez-vous le seuil du Minimum salariale pour les temps actuels ?

La question du seuil du salaire minimum est aussi vieille que l’émancipation des années 30. Il y a eu un gros détournement autour du principe du salaire minimal. Il y a le National Wage alors qu’il devait avoir le National Living Wage adapté à la corbeille de la ménagère dans le contexte de son époque. En prenant le coût de la vie et en se basant sur les chiffres de Statistics Mauritius, pour la période de novembre-décembre 2021 un salarié devrait percevoir un salaire minimal de Rs 31 900. Il faut savoir que l’inflation est calculée à partir du coût de chaque dépense dans une famille, soit les factures, l’alimentaire, la santé, l’habillement, la maison, les carburants entre autres. Actuellement, sur les mêmes bases de calcul, l’estimation est de Rs 33 000. Statistics Mauritius calcule que dans chaque famille 1.5 des membres travaille et pas 2. Nous estimons que de par ce calcul, le salaire minimal par personne aurait de l’être Rs 22 000. Et c’est pourquoi, comparativement avec le salaire minimal de Rs 10 200, nous proposons que le salaire minimal soit haussé à Rs 13 500 avant le budget 2022. Ainsi, après le budget, le National Living Wage va être haussé de nouveau, graduellement et automatiquement avec les augmentations qui vont être annoncées, se basant sur le même schéma mathématique. Selon les CSO Figures, 76 % des salariés du privé touchent moins de Rs 20 000 et 63 % des salariés public et privé combinés touchent moins de Rs 20 000. Selon les chiffres de la MRA 88 % du secteur privé gagnent moins de Rs 30 000 et 77 % des salariés public et privé combinés touchent moins de Rs 30 000. Le travailleur mauricien mérite plus. Une concession doit être faite pour les PMEs avec un chiffre d’affaire annuel de moins de Rs 25 millions où la MRA devrait intervenir pour instaurer un ‘Justice Tax’ envers les très grosses entreprises et servir de ces Tax pour offrir des subsides à cette catégorie de PME afin de les permettre de pratiquer ces salaires pour leurs employés.

Quel est votre message pour ce 1er Mai

Mon message est simple : Chaque travailleur qui travail pour pouvoir vivre décemment doit, et très vite, s’organiser sous les valeurs de la vie, la solidarité et la liberté. Nous nous devons de redonner vie à la mobilisation et de déposer un nouveau projet de société comme l’avait fait avant nous, Emmanuel Anquetil et Le Pandit Sahadeo. La société doit mette en avant la lutte de classe et pas de race pour permettre un jalon socio-économique, écologique et politique pour les 50 ans à venir. It is Now or Maybe Never. Il est encore temps !

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