Le gouvernement sénégalais a bloqué l’accès à TikTok, une application de médias sociaux avec un format vidéo court, une mesure prise après que le gouvernement a dissous le principal parti d’opposition et placé son chef en détention.
L’économie sénégalaise, considérée comme la plus stable des pays d’Afrique de l’Ouest, est en proie à l’instabilité politique en raison de la lutte pour le pouvoir entre le président Macky Sall et le chef du parti Pastef, Ousmane Sonko. Dès lundi, des manifestations sanglantes ont eu lieu.
Lundi, le Sénégal a dissous le Pastef et interdit l’accès aux services Internet, invoquant des dangers pour la stabilité du pays. Le ministre des communications a invoqué une justification similaire pour interdire TikTok.
Selon un communiqué publié par Moussa Bocar Thiam mercredi, “l’application TikTok est le réseau social privilégié par des personnes mal intentionnées pour diffuser des messages haineux et subversifs”.
Abdou Dione, un résident de Dakar, a déclaré que le gouvernement ne devrait pas interdire TikTok en citant uniquement ses impacts négatifs. Il a déclaré : “C’est une application où l’on peut aussi apprendre beaucoup de choses, et pas seulement voir des choses vulgaires.”
Un autre habitant, Papis Gaye, a exprimé son inquiétude en disant que les jeunes vendeurs de rue utilisent des applications mobiles comme WhatsApp pour développer leurs ventes en ligne. Il a déclaré : “Prendre la décision de couper l’Internet revient donc à nous interdire de vendre”.
Sonko a été arrêté et accusé de planification d’insurrection et d’autres chefs d’accusation samedi.
Les partisans de l’opposition accusent M. Sall d’avoir porté ces accusations dans le but d’empêcher M. Sonko de se présenter aux prochaines élections après les manifestations qui ont eu lieu tout au long de l’année.
L’administration conteste ces accusations et tient Sonko et Pastef pour responsables de l’incitation à la violence.
Dans la ville de Ziguinchor, au sud du pays, où Sonko est maire, des rassemblements de l’opposition ont causé la mort de deux personnes lundi soir, et mardi, deux personnes ont été brûlées lorsque des assaillants ont jeté des bombes à essence sur un bus de passagers.
Au moins 16 personnes ont été tuées dans les émeutes qui ont éclaté au Sénégal en juin après que Sonko a été condamné à une peine de deux ans de prison pour comportement immoral à l’égard de personnes âgées de moins de 21 ans. Il n’a pas encore commencé à purger sa peine.
Sonko, qui clame son innocence, avait demandé à ses partisans de manifester en public en ce moment.
Il y a un mois, M. Sall a mis fin à une grande incertitude en déclarant qu’il ne se présenterait pas une troisième fois à l’élection présidentielle de 2018, ce qui, selon ses opposants, serait contraire à la loi. Son parti n’a pas encore annoncé son premier choix pour le poste.
Au cours des trois dernières années, plusieurs prises de contrôle militaires ont eu lieu dans la région, dont une la semaine dernière au Niger.
