Après l’échec du président Macky Sall à reporter le scrutin et la libération de prison de deux opposants importants, qui ont donné un élan à l’opposition, le Sénégal tiendra dimanche son élection présidentielle reportée dans un climat politique anormalement tendu.
Au Sénégal, qui fait souvent partie des démocraties les plus stables d’Afrique de l’Ouest mais est sujet aux coups d’État, le soutien à Sall a diminué au cours de son deuxième et dernier mandat. Le président sortant ne sera pas sur le bulletin de vote pour la première fois dans l’histoire du pays.
Amadou Ba, 62 ans, ancien ministre des Finances et Premier ministre, a été choisi par la coalition au pouvoir comme candidat. Alors que le Sénégal se prépare à devenir un producteur de pétrole et de gaz d’ici fin 2024, Ba devrait suivre les politiques favorables aux investisseurs du Sénégal.
Cependant, Ba se trouve face à une forte opposition de dix-huit candidats, dont le plus connu est Bassirou Diomaye Faye, 43 ans, ancien inspecteur des impôts propulsé sur le devant de la scène par le farouche opposant Ousmane Sonko.
Populaire auprès des jeunes des zones métropolitaines qui en ont assez du chômage et des mauvaises conditions économiques, Sonko a terminé troisième à la présidentielle de 2019 mais a été disqualifié cette fois-ci en raison d’une condamnation pour diffamation. Après des mois d’incarcération, l’amnistie proposée par Sall a abouti à la libération de Sonko et de Faye le 14 mars. Depuis lors, des milliers de personnes ont assisté à leurs rassemblements.
D’autres hommes politiques qui pourraient accéder au prochain tour pour les deux principaux prétendants sont l’homme politique expérimenté Idrissa Seck, 64 ans, qui a terminé deuxième aux élections de 2019 avec 21 % des voix, et Khalifa Sall, 68 ans, ancien maire de la ville de Dakar.
Sall a brusquement reporté les élections du 3 février, quelques heures seulement avant le début de la campagne électorale. Les élections étaient initialement prévues pour le 25 février. Il a expliqué ce report en évoquant les dangers liés aux désaccords sur la liste des candidats.