Un groupe de pirates informatiques a mis hors ligne les sites web officiels du gouvernement sénégalais dans la nuit de vendredi à samedi, en lançant des attaques par déni de service (DDoS). Le porte-parole du gouvernement a indiqué que le groupe de pirates s’appelait Mysterious Team.
Le groupe de pirates a utilisé le hashtag #FreeSenegal pour révéler qu’il était à l’origine de cet acte. Ce hashtag a été utilisé par des militants qui dénoncent la répression politique au Sénégal.
Le Sénégal est en proie à des troubles politiques et la cyber-attaque a été considérée comme stratégique à ce moment-là. Vendredi, une personne a été tuée lors de la violente situation politique entre les forces de sécurité de l’État et les partisans de l’opposition.
Le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, a déclaré dans un communiqué concernant les cyber-attaques de samedi matin que tout était mis en œuvre pour rétablir les sites en service. Le site de la présidence a été rétabli dans la nuit de samedi à dimanche, mais les sites du gouvernement et du ministère des finances semblaient toujours indisponibles.
Les attaques DDoS consistent à déplacer de grandes quantités de trafic internet en direction de serveurs spécifiques afin de les mettre hors service. Sur son compte Twitter, le gang Mysterious Team décrit ses membres comme des “cyber-guerriers du Bangladesh”.
On ne sait pas grand-chose sur ce groupe, mais l’European Repository of Cyber occurrences, un consortium de recherche indépendant qui étudie les cyber-événements, affirme qu’il a déjà lancé des cyber-attaques contre le ministère éthiopien de la santé et des médias indiens.
Le lien entre le Sénégal et le Bangladesh n’est pas clair. Interrogé par l’agence de presse britannique Reuters sur les raisons de son attaque contre le gouvernement sénégalais, un responsable de Mysterious Team a répondu : “Nous travaillons pour que justice soit rendue aux peuples innocents du Sénégal”.
Le Sénégal est le théâtre de manifestations occasionnelles violentes depuis deux ans, période durant laquelle l’un des sujets de tension a été la crainte de l’opposition de voir M. Sall remporter l’élection présidentielle pour la troisième fois en février 2024.
L’opposition a également accusé le gouvernement de Sall de manipuler le système judiciaire pour cibler d’éventuels rivaux comme le politicien populaire Ousmane Sonko, qui est arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019. L’opposition a affirmé que les procédures judiciaires en cours contre Sonko étaient motivées par des considérations politiques, ce que le gouvernement a toutefois contesté.
Un homme de 37 ans aurait été tué lors de conflits entre le personnel de sécurité et les partisans de Sonko dans la ville de Kolda vendredi, selon un procureur régional samedi. La région se trouvait le long de l’itinéraire de Sonko, qui poursuivait sa marche vers la ville. Sonko avait appelé ses partisans à se joindre à la marche pour résister aux forces au pouvoir.
Dans une déclaration publiée samedi, la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi a affirmé que la police était responsable du meurtre et qu’elle avait bloqué l’accès du convoi de Sonko à la route afin d’inciter à une confrontation violente. Selon le procureur, une enquête a été ouverte.
