Alors que la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, qui dure trois jours, a débuté mercredi, un homme a brûlé un livre saint musulman, le Coran, à l’extérieur de la mosquée centrale de Stockholm. L’événement, auquel participait la même personne ainsi que son traducteur, a été autorisé par la police suédoise.
Dans une déclaration officielle, la police suédoise a annoncé qu’elle avait décidé que les risques pour la sécurité liés à l’incident de l’incendie “n’étaient pas d’une nature qui pourrait justifier, en vertu des lois en vigueur, une décision de rejeter la demande”. Toutefois, la police suédoise a donné son feu vert aux manifestations deux semaines après qu’une cour d’appel a rejeté la décision de la police de refuser l’autorisation de deux manifestations à Stockholm, dont l’une prévoyait l’incinération du Kuran.
La demande de protestation concernait deux manifestations, dont l’une prévoyait l’incinération du Coran, l’une par un particulier et l’autre par une organisation devant les ambassades de Turquie et d’Irak à Stockholm en février.
Dans sa demande à la police, l’individu a écrit : “Je veux manifester devant la grande mosquée de Stockholm et je veux exprimer mon opinion sur le Coran ? Je vais déchirer le Coran et le brûler”. La demande de Salwan Momika, 37 ans, a été sécurisée par l’AFP.
Pour des raisons de sécurité, la police avait fait appel à des renforts.
Les dirigeants suédois ont à la fois critiqué les incendies et soutenu le droit à la liberté de parole et d’expression.
À la mi-juin, le tribunal a décidé que la décision de la police était incorrecte, car “les problèmes d’ordre et de sécurité” invoqués par celle-ci n’impliquaient pas “un lien suffisamment clair avec l’événement prévu ou ses environs immédiats”.
La nouvelle décision de la police d’autoriser les manifestations a été prise dans le respect du droit à la liberté d’expression, tout en soutenant que les manifestations ne posaient aucun risque pour la sécurité.
Cependant, lors de l’audience du tribunal sur l’incident, la police a mis en garde contre les risques de sécurité, citant l’incident de l’incendie du Coran devant l’ambassade de Turquie en janvier. Cet incident a déclenché des manifestations qui ont duré des semaines et appelé au boycott des produits suédois. Cela a entravé la candidature de la Suède à l’adhésion à l’OTAN.
La double objection de la Turquie à l’égard de la Suède
L’Aïd al-Adha est une fête importante dans le calendrier musulman. L’incident du Coran brûlé a irrité la Turquie, qui s’oppose à la candidature du pays scandinave à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Elle a également critiqué les autorités suédoises pour avoir approuvé l’événement, qui a eu lieu quelques jours avant le sommet de l’OTAN en juillet.
Ces sentiments et événements anti-islamiques ont irrité la Turquie, qui est un membre important dont l’approbation est nécessaire pour que la Suède devienne membre de l’OTAN. La Suède a demandé l’adhésion à l’OTAN après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
La Turquie affirme que la Suède abrite des groupes terroristes, comme les groupes kurdes, et a également condamné Stockholm pour ne pas avoir pris de mesures contre ces groupes. Elle s’est donc offusquée de la décision de la police d’autoriser de telles manifestations qui suscitent la colère de la communauté musulmane.
Le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, a condamné dans un tweet l’acte de brûler le Coran et a déclaré que même au nom de la liberté d’expression, cet acte est inacceptable car il permet des manifestations anti-islamiques.
Le porte-parole adjoint du département d’État américain, Vedant Patel, a exhorté la Turquie et la Hongrie à modifier le protocole d’adhésion de la Suède à l’OTAN dans les plus brefs délais. Il a déclaré : “Nous pensons que la Suède a rempli ses engagements dans le cadre du mémorandum trilatéral”.