Jeudi, le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhan, a prêté serment à la tête d’un nouveau conseil de transition qu’il a nommé pour diriger le pays à la suite de la prise du pouvoir par les militaires à la fin du mois dernier, faisant fi des pressions nationales et internationales visant à faire annuler le coup d’État. Le nouveau Conseil souverain de 14 membres, dont un membre doit encore être confirmé, comprend des civils représentant les régions du Soudan, mais aucun membre de la coalition politique des Forces de la liberté et du changement (FFC), qui partageait le pouvoir avec les militaires dans le cadre d’une transition démocratique depuis 2019.
L’adjoint de Burhan restera Mohamed Hamdan Dagato, commandant des puissantes forces paramilitaires de soutien rapide (RSF), les deux hommes conservant les rôles qu’ils occupaient avant le coup d’État. Cette décision est susceptible de durcir l’opposition parmi les groupes civils qui se sont engagés à résister à la prise de pouvoir par une campagne de désobéissance civile, de grèves et de rassemblements de masse, dont le prochain est prévu pour samedi.
Cependant, ce que les actions de Burhan signifient pour la diplomatie américaine dans la région est peut-être tout aussi important. Contrairement à son prédécesseur, le président Joe Biden a fait de la Corne de l’Afrique une priorité, nommant un envoyé spécial, Jeffrey Feltman, chargé d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie pour ramener la paix dans cette région troublée. Les États-Unis ont également soutenu la démocratie naissante du Soudan par une aide financière, des garanties de prêt et une assistance au renforcement des institutions et à la réforme du secteur de la sécurité. Pourtant, le coup d’État a apparemment pris Washington par surprise, quelques heures seulement après que M. Feltman eut rencontré M. Burhan à Khartoum et souligné l’engagement ferme de Washington en faveur des accords existants entre les dirigeants civils et militaires.
