Un certain nombre d’analyses indiquent que le Sri Lanka est au bord d’un défaut de paiement de sa dette souveraine, les réserves de devises utilisables du pays ayant plongé sous la barre du milliard de dollars. La pandémie de coronavirus a mis à mal le secteur du tourisme de l’île, l’une des principales sources de devises étrangères, et fait craindre que le pays ne soit pas en mesure de rembourser sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. Les données officielles montrent que le Sri Lanka a besoin de près de 7 milliards de dollars pour assurer le service de sa dette extérieure cette année, mais les réserves en devises du pays à la fin du mois de février n’étaient que de 2,02 milliards de dollars, soit suffisamment pour financer moins d’un mois d’importations.
Mercredi, le Sri Lanka a renforcé les restrictions sur un large éventail d’importations, du whisky aux appareils ménagers, alors que la pénurie de devises étrangères pousse l’économie au bord de l’effondrement.
Une interdiction d’importation avait déjà été introduite en mars 2020 sur les articles de grande valeur tels que les voitures dans un effort du gouvernement pour arrêter la sortie des dollars nécessaires au paiement des dettes du Sri Lanka. En vertu de la nouvelle réglementation, 350 articles que le gouvernement considère comme des produits de luxe, notamment les pommes, le raisin et les oranges, ne pourront pas être importés librement. Les chocolats, le fromage et les pâtes ne seront pas non plus autorisés, sauf si le gouvernement accorde une exception. Les produits de première nécessité comme le lait en poudre, le sucre, les lentilles et le blé, ainsi que les médicaments, sont en rupture de stock.
Le Sri Lanka est actuellement confronté à sa pire crise économique depuis l’indépendance du pays en 1948. Malgré les assurances constantes du gouverneur de la Banque centrale du Sri Lanka (CBSL), les agences de notation internationales et les économistes ont tiré la sonnette d’alarme quant à la capacité du Sri Lanka à rembourser sa dette extérieure en 2022.
Ces mesures sont intervenues deux jours après que le gouvernement a dévalué la monnaie locale de près de 15 % par rapport au dollar américain dans une tentative désespérée d’attirer davantage de dollars par le biais des transferts de fonds.
La pire crise économique que connaît le Sri Lanka depuis son indépendance en 1948 a conduit à un rationnement du carburant et de l’électricité dans ce pays d’Asie du Sud de 22 millions d’habitants, paralysé les transports publics et provoqué de longues files d’attente pour la nourriture et les médicaments.
Le gouvernement ayant refusé catégoriquement de demander l’aide du FMI, il a cherché d’autres solutions pour faire face à la crise économique. Dans ce contexte, le gouvernement sri-lankais a commencé à chercher le soutien de deux rivaux mondiaux concurrents : l’Inde et la Chine. Le Sri Lanka a entretenu des liens économiques étroits avec ces deux pays au fil des décennies ; les relations économiques avec la Chine, en particulier, se sont renforcées au cours des 20 dernières années, la Chine devenant le premier prêteur bilatéral et le premier fournisseur d’IDE au Sri Lanka. Le président Gotabaya Rajapaksa et de nombreux autres hauts dirigeants politiques du pays ont demandé le soutien économique de la Chine et de l’Inde pour faire face à la crise économique sans précédent.
