160 centres commerciaux, 11 entrepôts, 8 usines et une centaine de magasin d’alcool pillés. Après des jours d’émeutes à Durban, les habitants de la province du Kwazulu Natal en Afrique du Sud ont été les plus touchés par la spirale de violences liée à l’emprisonnement de l’ex-président, Jacob Zuma. Tous ne savent pas quand tout redeviendra à la normale. Bien que le calme soit revenu grâce à l’intervention de l’armée militaire d’Afrique du Sud, cette semaine noire marquera les esprits de ceux qui ont été témoins de ces émeutes.
Assis au milieu du désastre, les choses ont été pris trop à la légère, disent-ils. Cela à la fois par le Congrès National Africain et le gouvernement. Cependant dans les quartiers résidentiels épargnés par les pillages, les habitants ne baissent pas la garde. Ils restent mobilisés pour assurer la sécurité des siens.
Si le haut-commissariat Mauricien à Pretoria a demandé le vendredi 16 juillet dernier à la diaspora Mauricienne de faire preuve d’une extrême prudence et de respecter les réglementations locales comme conseillé par le gouvernement d’Afrique du Sud, le consul honoraire de Maurice au Kwa Zulu Natal a ouvert une ligne de communication pour aider les Mauriciens se retrouvant en difficulté ou en danger.
Faisant carrière dans le textile, c’est en 1982 qu’une Mauricienne a mis cap sur l’Afrique du Sud. Actuellement à la retraite et habitant Johannesburg, elle indique que lorsqu’il y a eu les émeutes, elle séjournait dans sa maison de vacances à Umhlanga situé sur la côte de KwaZulu-Natal. « Depuis les émeutes, nous n’avons pas eu de fruits et de légumes. Ce n’est qu’après le calme ce week-end que nous avons pu sortir pour faire des courses », confie-t-elle. Néanmoins, elle ne cache pas qu’en raison des véhicules de distribution de vivres qui ont été brulés lors des émeutes, il y a eu une grosse pénurie de lait et de pain. Les étagères des supermarchés étaient aussi souvent vides. De plus, ce n’était pas évident de se faire contrôler à chaque sortie toutefois, c’était rassurant de voir le nombre de jeunes hommes et femmes qui montaient la garde devant leurs quartiers. « A leur façon, ils avaient pris les choses en main. Chacun s’entraidait après que certains ont eu vent que les émeutes pourront recommencer n’importe quand », renchérit la retraitée.
Par rapport à son vécu de ces temps difficiles, elle soutient qu’elle trouve triste que des personnes affamées ont été utilisés à des fins politiques. Et que par la suite, cela a causé une volupte de violence à Durban menaçant ainsi la sécurité des habitants. « J’ai essayé de ne pas regarder la télé et garder mon calme face à cette situation qui n’était vraiment pas évidente à vivre. Mais la réalité m’a rattrapé lorsque je suis partie faire mes courses et que j’ai pu constater de visu les dégâts causés par les émeutes », ajoute-t-elle. Celle-ci a indiqué que ce qu’elle trouve encore plus dommage est que la mer a été contaminée après l’incendie d’une usine fabriquant des produits chimiques. « Là, nous ne serons même plus capables de tremper nos pieds dans l’eau. C’est vraiment triste », poursuit-elle. Et de conclure que ce qui a été dur aussi était la fermeture des pharmacies. « Si nous tombions malades, nous ne serions quoi faire. C’était la catastrophe ».
Quant à son neveu qui est aussi un Mauricien vivant en Afrique du Sud depuis 1990, il soutient que bien qu’il vît à Johannesburg, il était constamment en contact avec ses proches lors des émeutes au KwaZulu-Natal. « Bien que le calme soit revenu et la connexion des autoroutes est rétablie, on ne peut oublier les dégâts que les émeutiers ont causé par l’influence politique suivit de racisme », dit-il. Et de conclure que la crise économique et sociale est plus que profonde de même, il indique qu’il espère que cela ne finira pas en la grande révolution que prévoyaient certaines personnes pour l’Afrique du Sud.
