Un homme politique indien appartenant au parti politique AIMIM (All India Majlis-E-Ittehadul Muslimeen) a récemment fait des déclarations provocantes et controversées lors d’un rassemblement en Inde. L’homme politique a déclaré que les musulmans ont gouverné l’Inde pendant 832 ans. Le politicien a ensuite fait d’autres déclarations controversées dans le cadre de ce que l’on peut qualifier de “discours de haine” contre les hindous.
Tout en mettant de côté les remarques et opinions personnelles exprimées dans ce discours controversé, l’historien musulman indien Saquib Salim, dans un article publié sur Awaz The Voice (une plateforme d’information numérique indienne), a remis les pendules à l’heure en contredisant ce faux récit historique selon lequel les musulmans ont régné sur l’Inde pendant 832 ans. L’historien souligne que l’homme politique a dû arriver à ce chiffre de 832 ans en comptant depuis le raid de Mahmud de Ghazni jusqu’à la capture de Bahadur Shah Zafar en 1857. L’historien poursuit en rappelant que Mahmud de Ghazni n’a jamais gouverné mais a seulement fait des raids sur des territoires indiens. Il ajoute que le premier dirigeant musulman à avoir établi son autorité sur Delhi fut Mohammad Ghori, près de 150 ans après la dernière incursion de Mahmud en Inde. Mais même à ce moment-là, l’historien rappelle que régner sur Delhi n’a jamais signifié régner sur l’Inde, car une grande partie de l’Inde était encore sous la domination de souverains hindous qui avaient conclu des alliances politiques avec des souverains musulmans.
Saquib Salim présente son deuxième argument : même si les souverains étaient musulmans, cela n’a jamais signifié qu’aucun hindou ne faisait partie de l’élite dirigeante. Il cite le Padma Bhushan K. S Narang, un éminent historien, qui a écrit à propos de la période du sultanat : “Les musulmans ne constituaient pas une seule classe. Ils étaient divisés en trois subdivisions : la classe supérieure, la classe moyenne inférieure et les esclaves.” Saquib souligne que l’empire moghol, qui s’est largement répandu sous Akbar, n’était pas non plus entièrement un empire musulman mais une coalition d’hindous et de musulmans. Saquib cite encore le Dr Rajendra Prasad, premier président de l’Inde, qui a déclaré : “Une grande partie du temps et de l’énergie des empereurs moghols, d’Akbar jusqu’à Aurangzeb, a été consacrée à la suppression des révoltes des gouverneurs musulmans des provinces ou à la conquête de royaumes musulmans indépendants.” Le Dr Rajendra Prasad avait également déclaré que des généraux hindous comme Man Singh et Bhagwandas à l’époque d’Akbar et par Jaswant Singh et Jay Singh à l’époque d’Aurangzeb, ont conquis et supprimé non seulement les dirigeants et gouverneurs musulmans mais aussi les hindous qui régnaient à l’époque dans certaines parties du pays. De même, même Sivaji, un dirigeant hindou, a employé plusieurs officiers militaires musulmans comme le général Siddi Hullal et le général Nur Khan, ainsi que les amiraux Siddi Sambal, Siddi Misri et Daulat Khan.
En outre, un autre historien, Ram Gopal, écrit : “Une autre idée fausse répandue est qu’avec l’établissement du règne de Mohammad Ghori, l’Inde est devenue un État islamique et que seul le royaume a changé de mains d’une dynastie musulmane à l’autre.”
Saquib Salim termine son argumentation en rappelant des faits historiques et écrit qu’après la mort d’Aurangzeb en 1707, les Sikhs, les Marathas, les Jats et les Pathans sont devenus souverains et que de 1707 à 1857, l’Inde n’était pas un royaume moghol. La domination moghole est pratiquement terminée en 1765.
L’historien rappelle que ce sont les Britanniques qui ont inventé les divisions sur la base de la langue, de la caste et de la religion afin d’exercer leur politique de “diviser pour régner” en Inde. Il explique que les Britanniques ont conçu un système éducatif dans lequel ils ont délibérément classé l’histoire de l’Inde en trois périodes : la période hindoue (ancienne), la période musulmane (médiévale) et la période moderne. L’historien souligne en outre que si les époques précédentes ont été identifiées sur la base de la religion, les Britanniques n’ont jamais qualifié la domination britannique en Inde de “domination chrétienne”, ce qui en dit long sur leurs intentions.
L’historien appelle à la nécessité d’une décolonisation complète de la pensée et de l’éducation avant la reconstruction nationale de l’histoire de l’Inde afin d’éviter cette fausse histoire et cette désinformation.
Remarques controversées
Lors d’un rassemblement, Shaukat Ali, président de l’AIMIM pour l’État d’Uttar Pradesh, a déclaré : “Les vers et les insectes comme vous ont été gouvernés par nous pendant 832 ans et vous aviez l’habitude de faire le ji huzoor les mains croisées dans le dos et maintenant vous nous menacez.” Cette déclaration est marquée contre les hindous. Après ses déclarations controversées, il y a eu une demande généralisée d’action de la police contre les remarques mentionnées dans son discours de haine.
AIMIM UP leader, Shaukat Ali caught on tape making a hate speech while responding to Virat Hindu sabha hate mongering. @asadowaisi should sack him, the cops should book him. Zero tolerance for ALL hate speech, party/community no bar. Hate begets hate, firm hand needed ! 🙏 pic.twitter.com/yYMBdzP5H6
— Rajdeep Sardesai (@sardesairajdeep) October 15, 2022
Les rapports suggèrent que Shaukat Ali a été arrêté en vertu des sections 153A (promotion de l’inimitié entre différents groupes pour des raisons de religion, de race, de lieu de naissance, de langue, etc.) et 295A (acte délibéré et malveillant destiné à outrager les sentiments religieux) du Code pénal indien. Il convient également de noter que Shaukat Ali et son parti, l’AIMIM, ont été rejetés par les musulmans de l’État d’Uttar Pradesh plus tôt cette année. Son parti a obtenu 0,49 % des voix.
*Avec Des Contributions De La Plateforme D’information Numérique Indienne – Awaz The Voice (awazthevoice.in)