En réponse à l’indignation populaire suscitée par la forte hausse des taux d’intérêt, l’Australie a choisi, pour la première fois, une femme pour diriger sa banque centrale, en remplaçant l’actuel gouverneur par son adjoint.
Écartant la possibilité d’un second mandat pour le gouverneur Philip Lowe, le trésorier australien Jim Chalmers et le premier ministre Anthony Albanese ont annoncé vendredi que Michele Bullock dirigerait la Reserve Bank of Australia (RBA) pour les sept années à venir.
Le 17 septembre, M. Lowe quittera la banque, mettant fin à un mandat de 43 ans. Ce choix a été fait alors que M. Lowe devait se rendre en Inde avec M. Chalmers la semaine suivante pour une conférence du Groupe des 20.
Chalmers a déclaré lors d’une conférence de presse qu’un gouverneur n’avait généralement qu’un seul mandat et qu’il pensait que M. Bullock était le mieux placé pour guider la RBA dans la restructuration qui s’annonçait.
Chalmers a déclaré aux journalistes : “Il s’agit d’une nomination historique. Michele Bullock deviendra la première femme à diriger la Reserve Bank dans ce pays”.
Depuis que M. Lowe a encouragé les emprunts pendant la pandémie de COVID-19 en 2021 en affirmant que les taux n’augmenteraient probablement pas avant 2024, le gouvernement a subi des pressions pour qu’il soit limogé. Cependant, à la mi-2022, deux ans avant la date prévue, les taux ont commencé à augmenter.
Depuis lors, la banque centrale a relevé ses taux 12 fois, les portant à 4,1 %, leur plus haut niveau depuis dix ans, et faisant grimper les mensualités des prêts hypothécaires de plusieurs centaines de dollars, à une époque où le coût de la vie pèse déjà lourdement sur les finances des ménages.
Lowe est même allé jusqu’à présenter ses excuses aux emprunteurs qui s’étaient fiés à ses garanties dans le cadre de la politique monétaire.
Les obligations australiennes n’ont pas réagi à la nomination de Bullock, bien qu’elles aient suivi plus tard la réaction de leurs homologues internationales. La monnaie locale est restée inchangée à 0,6889 $.
Lowe a récemment déclaré qu’il était possible que des augmentations de taux supplémentaires soient nécessaires pour contenir l’inflation. Les marchés sont partagés quant aux résultats attendus des deux prochaines sessions de politique monétaire, qu’il doit présider en août et en septembre.
Lowe, âgé de 61 ans, a également déclaré que si on lui demandait de rester, il le ferait honorablement, mais qu’il respecterait la décision du gouvernement de choisir un nouveau dirigeant. Ses deux prédécesseurs, qui étaient tous deux des banquiers centraux de carrière, ont été reconduits dans leurs fonctions pour des mandats supplémentaires, pour une durée totale de 10 ans.
Dans un communiqué publié vendredi, M. Lowe a déclaré : “La Reserve Bank est entre de très bonnes mains pour relever le défi actuel de l’inflation et mettre en œuvre les recommandations de l’examen de la RBA”.
Michele Bullock, âgée de 60 ans, est entrée à la RBA en 1985. À l’époque, elle avait terminé son master à la London School of Economics et reste une banquière respectée par les analystes. L’un des analystes de marché, Tony Sycamore, du groupe IG, a déclaré : “C’est un choix judicieux. Elle a de très bonnes références. Et si vous regardez comment le marché a réagi après l’annonce, le dollar australien a à peine bougé. Cela me laisse penser que le marché est très à l’aise avec sa nomination”.
