Lucas Sheik Hoossen est graffeur. A 18 ans, le jeune homme a fait de sa passion son gagne-pain. Rencontre.
Hénry Rotile
La casquette retournée. Les yeux vissés sur son œuvre. Lucas passe d’une bombe à l’autre. Le mouvement est presque instinctif. Une poignée de minutes plus tard, tout s’arrête. L’artiste pousse un ouf de satisfaction. Son œuvre, il vient de le compléter sous les yeux ébahis du public qui assistait à la scène derrière son dos. C’était samedi dernier à Grand-Baie La Croisette à l’occasion d’un festival urbain.
Cependant, la passion du jeune homme pour le street art remonte à plus loin. En effet, il y a deux ans, cet habitant d’Henrietta en était encore à ses balbutiements. Tout ce dont il était sûr, ce qu’il avait la main pour le dessin : “ J’ai fait mes études secondaires au collège Dr Régis Chaperon. J’adorais mes cours de dessin et je me débrouillais bien. Cette passion m’a vite conduit vers le street art. Et depuis, elle ne m’a jamais quitté.”
Avec un ami, Lucas ne tarde pas à s’y mettre sérieusement : “ Comme il fallait bien que je commence quelque part, je me suis mis au tag – une forme de graffiti ou l’accent est mis sur le lettrage. C’est relativement un peu plus facile à réaliser qu’une pièce – qui est beaucoup plus élaborée.”
Mais très vite, Lucas s’attaque à des graffiti plus complexes : “ J’étais dans mon élément. Du coup, ma progression a été rapide. Et pour cause, je me suis vite mis à des pièces qui demandaient beaucoup plus de dextérité.”
Bénéficiant du soutien de ses parents, le graffeur prend son envole et commence à honorer des commandes : “Je n’aurais jamais eu un pareil parcours sans l’appui financier et moral de mes parents. Financier parce que ce sont eux qui m’ont donné de quoi acheter mes bombes. Moral, parce qu’ils m’ont tous accepté et soutenu ma démarche de faire de cette passion mon métier.”
Très présent sur les réseaux sociaux, Lucas arrive à gagner sa vie : “C’est en postant mes créations que j’ai créé une clientèle. Les gens font appel à mes services pour des enseignes, ou encore pour égayer des murs à leur guise. Une fois que mes clients expliquent ce qu’ils veulent, je leur envoie des croquis. Si cela leur convient, on va de l’avant avec le projet.”
Et en moyenne un ou deux jours suffisent : “La réalisation en elle-même se fait assez rapidement. Si le travail n’est pas trop compliqué, en une journée, je peux terminer le projet. Au cas contraire, il me faut au minimum deux jours !”
Côté prix, il faut compter à partir de Rs 2500 : “ Le prix variera en fonction de la création que souhaite le client. Mais en moyenne, un de mes graffiti coûte aux alentours de Rs 2500 à monter.”
Sa vie, Lucas ne l’imagine pas sans le graffiti dans les années à venir : “ Jusqu’ici, j’arrive à vivre de ce métier, je ne vois pas faire autre chose. Mis à part peut-être, me lancer comme tatouer. Ce que je viens aussi de commencer à faire avec des résultats concluants !”
