La Pollution Atmosphérique En Afrique: Selon une nouvelle étude réalisée par l’institut de recherche américain Health Effects Institute, l’Afrique subit les graves conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé. Certains pays africains souffrent des niveaux de pollution atmosphérique les plus élevés au monde (HEI).
Le rapport intitulé “The State of Air Quality and Health Impacts in Africa” (L’état de la qualité de l’air et ses effets sur la santé en Afrique) propose une étude exhaustive des principales sources de pollution atmosphérique et de leurs effets sur la santé de la population africaine.
Ce nouveau rapport, publié un mois avant la conférence des Nations unies sur le changement climatique COP 27 en Égypte, révèle que la pollution atmosphérique est la deuxième cause de décès en Afrique. Cinq des dix pays les plus pollués du monde sont africains. Ils présentent un taux plus élevé de particules fines (PM2,5).
Les PM2,5 extérieures sont le facteur prédictif le plus fiable des décès dus à des troubles cardiovasculaires, respiratoires et autres dans les études sur l’exposition à long terme à la pollution atmosphérique. On estime que 1,1 million de décès en Afrique ont été attribués à la pollution atmosphérique en 2019, l’exposition à la pollution atmosphérique domestique étant à blâmer pour 63 % de ces décès (HAP).
Pollution de l’air: Les enfants sont confrontés à de graves risques pour la santé
L’une des principales raisons derrière la propagation des maladies en Afrique est l’inaccessibilité de l’énergie propre, c’est-à-dire sa répartition inégale. Dans les régions d’Afrique de l’Est, de l’Ouest, du Centre et du Sud, on estime que 75 % de la population utilise des combustibles solides comme le charbon, le bois et le charbon de bois pour cuisiner, ce qui l’expose quotidiennement à de fortes concentrations de polluants nocifs.
Si ces polluants mortels sont produits dans les foyers, les nouveau-nés et les tout petits enfants sont particulièrement vulnérables. En 2019, 14 % de tous les décès d’enfants africains de moins de cinq ans ont été attribués à la pollution atmosphérique. Les nourrissons peuvent avoir de graves répercussions sur la santé, notamment des problèmes de développement pulmonaire et une vulnérabilité croissante aux maladies transmissibles telles que les infections des voies respiratoires inférieures. Il peut s’agir d’impacts sanitaires à long terme.
Caradee Wright, spécialiste scientifique en chef du Conseil sud-africain de la recherche médicale, a déclaré : “Ce rapport met en évidence la menace considérable que représente la pollution atmosphérique pour la santé, voire la vie, des bébés et des enfants de moins de cinq ans. Ce groupe vulnérable doit faire l’objet d’une attention particulière afin d’atténuer leur exposition, par exemple par le biais de politiques et de campagnes de sensibilisation intensives assorties de solutions pratiques pour les mères et les soignants.”
Sources de pollution de l’air en Afrique
Les diverses sources de PM 2,5 présentes dans d’autres régions du monde existent également en Afrique, à savoir les combustibles solides, les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) utilisés pour la production d’énergie, les véhicules, les activités industrielles et semi-industrielles telles que l’exploitation minière artisanale, l’agriculture, les feux de forêt et les fosses à déchets à ciel ouvert. La poussière soufflée est également une source importante de PM 2,5 dans certaines régions d’Afrique.
Les sources de pollution atmosphérique et les conséquences sur la santé peuvent varier considérablement sur le continent. L’Afrique de l’Ouest présente la plus forte concentration moyenne de pollution par les PM2,5, soit 64,1 g/m3, tandis que l’Afrique australe présente la plus faible concentration, soit 26,5 g/m3. L’utilisation de combustibles fossiles contribue jusqu’à 41 % des niveaux totaux de PM2,5 en extérieur en Afrique australe, mais seulement 11 % en Afrique de l’Est.
Les pays africains passent à l’action
Face à l’augmentation des niveaux de pollution atmosphérique, les pays d’Afrique mènent divers programmes visant à éradiquer les effets de la pollution atmosphérique. À ce jour, 17 pays africains ont imposé des politiques nationales en matière de qualité de l’air, tandis que de nombreux autres prennent des mesures contre les sources de pollution atmosphérique, en particulier la pollution atmosphérique domestique, dans le cadre des contributions déterminées au niveau national (CDN) de leur pays.
En 2019, en Afrique, l’accès à l’énergie était au plus bas, avec un peu moins d’une personne sur 20 en République démocratique du Congo, en Éthiopie, à Madagascar, au Mozambique, au Niger, en Ouganda et en Tanzanie ayant accès à des combustibles de cuisson propres.
Les pays ne sont pas en mesure de suivre avec précision leurs progrès vers la réalisation des objectifs et des exigences en matière de qualité de l’air en raison du manque de stations de surveillance au niveau du sol.
Le Dr Patrick de Marie Katoto, de l’Université catholique de Bukavu, en République démocratique du Congo, a déclaré : “La pollution atmosphérique contribue largement à l’augmentation de la fréquence des maladies chroniques non transmissibles en Afrique, ce qui accroît la pression sur un système de santé déjà mis à rude épreuve par les maladies infectieuses chroniques et, plus récemment, par le COVID-19. Ces résultats appellent l’Union africaine et les États membres à promouvoir, planifier et financer des interventions en matière de qualité de l’air afin de prévenir les handicaps et les décès inutiles sur tout le continent.”
Relation entre la pollution atmosphérique et le climat
Alors que les nations du monde entier convergent vers l’Égypte pour les négociations climatiques de la COP27 le mois prochain, l’Afrique tiendra compte de la manière dont les transitions énergétiques peuvent être planifiées pour être efficaces, économiquement viables, durables et respectueuses de l’environnement. Une discussion complexe sur l’énergie, le climat, la qualité de l’air et la santé est nécessaire pour résoudre ce problème. Une initiative à l’échelle du continent, appelée “Agenda 2063”, a été approuvée par les nations de l’Union africaine comme étant l’une des priorités de l’UE.