L’étau se resserre autour des autorités malgaches suite à leur décision de ne pas condamner l’invasion russe en Ukraine, ainsi qu’à l’abstention de Madagascar à voter la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, mercredi. Florent Rakotarisoa, président de la Haute cour constitutionnelle (HCC) a confirmé hier l’existence d’une pression lors d’une intervention sur une radio privée de la capitale. « La communauté internationale et les grands pays d’Europe font pression sur les petits pays à les soutenir à s’exprimer dans cette affaire russe et Ukrainienne », a-t-il révélé.
Les pressions se sont multipliées, de la part notamment de l’Union européenne, qui, par le biais de son chargé d’affaires par intérim, qui s’est dit « déçu » de la position malgache, obligeant ainsi les autorités malgaches à rectifier leur tir et à clarifier sa position dans un communiqué officiel.
Le communiqué, publié dans un premier temps par le ministère des Affaires étrangères, a été relayé et dupliqué en plusieurs langues par la présidence dans la journée avant d’être diffusé en début de soirée. Il indique entre autres que « Madagascar fait part de son extrême préoccupation pour les populations civiles et témoigne de sa solidarité envers les victimes et leurs proches, les personnes déplacées ». Il appuie par ailleurs la décision du non-alignement de l’Etat malgache. « Madagascar prône, en toutes circonstances, les voies et moyens pacifiques à tout différend et ce, en attachement à notre tradition de non-alignement et dans le respect de notre valeur ancestrale du « Fihavanana », afin que la zone de l’océan Indien demeure une zone de paix et de stabilité. » poursuit le communiqué.
Cette timide manifestation de solidarité des autorités envers les victimes de la guerre en Ukraine semble toutefois être motivé par la crainte d’une dégradation de la relation et de la coopération avec la communauté internationale. L’expert malgache en relation internationale, Julien Radanoara estime que « Des sanctions économiques et commerciales pourront s’appliquer sur Madagascar, après sa prise de position, neutre, face à la crise Russo-Ukrainienne ». Il estime que l’Union européenne pourrait prendre la décision de retarder ou traiter au compte-goutte les aides financières qu’elle a prévues pour Madagascar à cause notamment de sa déception par rapport à cette position malgache. Le chargé d’affaires par intérim de la délégation de l’Union européenne dans le pays, quant à lui affirme qu’il est encore trop tôt pour parler d’impact de cette position malgache sur la coopération avec Madagascar.
