Ce geste frappant, mais surtout symbolique, est destiné à exprimer le sentiment de trahison ressenti par Paris. L’administration Biden continue cependant de minimiser la réaction française.
L’ambassadeur rappelé de France en Australie a assimilé les actions de Canberra à une trahison après que le gouvernement Morrison a renoncé à un contrat de 90 milliards de dollars pour des sous-marins avec Paris et a décidé de construire des sous-marins à propulsion nucléaire avec les États-Unis et la Grande-Bretagne.
La France a pris samedi la mesure extraordinaire de rappeler ses ambassadeurs d’Australie et des États-Unis, alors que les retombées d’un nouveau pacte de défense qui a rendu furieux le président français Emmanuel Macron se multiplient.
La stupeur a fait place à une colère froide. L’annonce du partenariat stratégique – appelé Aukus – entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, dirigé contre la Chine, n’est pas bien acceptée par la France. Un geste choquant, mais surtout symbolique, qui a servi à officialiser le sentiment de trahison ressenti par Paris après la rupture du contrat de livraison de douze sous-marins à propulsion conventionnelle à l’Australie.
La forme, humiliante, et le fond de l’affaire Aukus s’entremêlent pour expliquer la motivation française, incomprise outre-Atlantique. Vendredi, le directeur politique du Quai d’Orsay, Philippe Errera, a justifié cette “décision exceptionnelle” par “l’exceptionnelle gravité” des événements de la semaine. “L’abandon du projet de sous-marin de classe océanique qui liait l’Australie à la France depuis 2016, et l’annonce d’un nouveau partenariat avec les États-Unis pour lancer des études sur une éventuelle future coopération sur les sous-marins à propulsion nucléaire, constituent un comportement inacceptable entre alliés et partenaires, dont les conséquences affectent la conception même que nous avons de nos alliances, de nos partenariats et de l’importance de l’Indo-Pacifique pour l’Europe”, a déclaré le chef de la diplomatie française.
