Le parlement ougandais a commencé à débattre jeudi d’un projet de loi qui rendrait illégal le fait de s’identifier comme LGBTQ, les législateurs estimant que l’interdiction actuelle des relations entre personnes de même sexe ne va pas assez loin.
Dans ce pays profondément conservateur et religieux d’Afrique de l’Est, les relations entre personnes du même sexe sont passibles d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à la perpétuité.
Plus de 30 pays africains interdisent les relations homosexuelles, mais si la législation ougandaise est approuvée, il semblerait qu’elle soit la première à rendre illégale la simple identification en tant que personne lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre ou queer (LGBTQ).
Selon l’agence de presse britannique Reuters, la proposition de loi ougandaise a été présentée comme un projet de loi privé et vise à permettre au pays de lutter contre les “menaces qui pèsent sur la famille traditionnelle et hétérosexuelle”.
Toute personne qui “se présente comme lesbienne, gay, transgenre, queer, ou toute autre identité sexuelle ou de genre contraire aux catégories binaires de l’homme et de la femme” risque une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement en vertu de la loi proposée.
En outre, elle rend illégal le fait de “promouvoir” l’homosexualité et d'”aider” ou de “conspirer” pour avoir des relations homosexuelles.
Cette loi est similaire à une loi adoptée en 2013 qui criminalisait le lesbianisme et durcissait certaines peines. Avant d’être annulée pour des raisons de procédure par un tribunal national, cette loi a fait l’objet d’une forte condamnation internationale.
La nouvelle mesure a été lue à l’assemblée législative, et la présidente Anita Among l’a transmise à un comité pour examen et audiences publiques avant de la renvoyer à l’assemblée pour discussion et vote.
Anita Among a encouragé les députés à rejeter l’intimidation, citant des rumeurs selon lesquelles certains pays occidentaux avaient menacé d’imposer des restrictions de voyage aux personnes impliquées dans l’adoption de la loi.
Elle s’est interrogée : “Cette affaire d’intimidation “vous n’irez pas en Amérique”, qu’est-ce que l’Amérique ?
Selon les militants, l’enquête d’une commission parlementaire sur les allégations de promotion de l’homosexualité dans les écoles, ordonnée en janvier, a déjà déclenché une vague de préjugés et de violences à l’encontre des personnes LGBTQ.