Le milliardaire taïwanais Terry Gou a annoncé lundi qu’il se présenterait aux élections présidentielles de janvier. M. Gou est le fondateur de Foxconn, l’un des principaux fournisseurs d’Apple. Il a exprimé son désir d’unir l’opposition et de ne pas laisser le pays devenir “la prochaine Ukraine”.
Trois autres candidats sont en lice pour le poste le plus élevé du pays. Toutefois, les sondages indiquent qu’il est loin derrière le favori, William Lai, du Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir. Lai est vice-président de Taïwan.
Les efforts de campagne de M. Gou
Gou, 72 ans, a pris sa retraite en tant que PDG de Foxconn en 2019 et a lancé sa première campagne présidentielle ; il s’est toutefois retiré après avoir échoué à obtenir la candidature du Kuomintang KMT, le plus grand parti d’opposition de Taïwan. Le KMT a toujours été favorable à l’établissement de liens étroits avec la Chine.
Gou a tenté une seconde fois d’être le candidat présidentiel du KMT au début de cette année, mais le parti a choisi Hou Yu-ih, le maire de la ville de New Taipei.
Au cours des deux dernières semaines, M. Gou s’est rendu à Taïwan et a organisé des événements ressemblant à des rassemblements de campagne, alimentant ainsi les rumeurs selon lesquelles il aurait l’intention de se présenter en tant qu’indépendant. M. Gou a attaqué le DPP en s’exprimant devant deux énormes drapeaux taïwanais dans une salle de congrès à Taipei.
Dans son discours, il a déclaré : “Au cours des sept dernières années environ, le DPP a conduit Taïwan vers le danger de guerre sur le plan international. Sur le plan intérieur, leurs politiques sont truffées d’erreurs. L’ère du règne de l’entrepreneur” a commencé.
S’adressant aux électeurs, il a déclaré : “Donnez-moi quatre ans et je vous promets d’apporter 50 ans de paix dans le détroit de Taïwan et de jeter les bases les plus solides de la confiance mutuelle de part et d’autre du détroit. Taïwan ne doit pas devenir l’Ukraine et je ne laisserai pas Taïwan devenir la prochaine Ukraine”.
Le parti de M. Gou ne le soutient pas
Bien que le DPP prône l’indépendance de Taïwan par rapport à la Chine, le gouvernement qu’il dirige a souvent proposé des discussions avec la Chine, mais ces offres ont été rejetées. Le principal message de M. Gou lors de ses activités de pré-campagne a été que le DPP devait être écarté du gouvernement afin d’éviter une guerre avec la Chine, qui revendique Taïwan comme son propre territoire.
Les lois électorales stipulent que M. Gou doit recueillir plus de 300 000 signatures d’électeurs avant le 2 novembre pour pouvoir se présenter en tant qu’indépendant. Le 14 novembre, la commission électorale centrale aura examiné les signatures et annoncé les résultats.
Selon Huang Kwei-bo, ancien secrétaire général adjoint du KMT et professeur associé de diplomatie à l’université nationale Chengchi de Taipei, la candidature de M. Gou risque de fracturer davantage le vote de l’opposition. “Toute scission dans le camp des non-DPP signifierait la victoire certaine de Lai en janvier”, a-t-il déclaré.
Gou a réaffirmé sa demande d'”unité” entre les partis d’opposition, demandant à M. Hou et à M. Ko Wen-je, du minuscule Parti populaire de Taïwan, de le rencontrer et de discuter de stratégies pour travailler ensemble afin de vaincre le DPP lors des élections.
Toutefois, le KMT a exprimé son “regret extrême” face à la décision de M. Gou et lui a demandé de soutenir M. Hou, le candidat du parti.
Hou a déclaré aux journalistes qu’il se concentrait sur la réalisation de la mission du parti et que son “attitude à l’égard de la candidature à la présidence n’a jamais changé”.
Tout en consacrant beaucoup d’efforts à la campagne de Ko, le parti de Gou a affirmé qu’il respectait le droit de ce dernier à se présenter.
