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Thursday, April 18, 2024

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Nucléaire Iranien : Le Gouvernement Raïssi Face A Trois Options

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Rien de neuf dans le pays depuis la mise en place du gouvernement d’Ebrahim Raïssi qui se trouve, depuis 77 jours, à la tête de l’exécutif. L’inflation galopante a dépassé les 45%. L’inflation point à point des denrées alimentaires a atteint 66,7, selon l’agence de presse ISNA.

Cette situation a existé dans une certaine mesure dans d’autres régions et c’est pourquoi on peut dire avec certitude que le nouveau gouvernement n’a pris aucune mesure pour restaurer la confiance. La population iranienne n’a pas de vision claire de l’avenir. La fuite des capitaux – citant un rapport de la Banque centrale, le président de la Chambre de commerce de Téhéran a déclaré que 98,4 milliards de dollars avaient fui le pays entre 2011 et 2017 – et des élites

se poursuit et montre que les classes moyennes n’ont aucun espoir dans le futur du pays. Et le gouvernement est toujours confronté à une crise de légitimité.

Aujourd’hui, il est manifeste que le régime iranien est incapable d’opérer un changement économique. Des milliers d’usines et d’entreprises ont été fermées par les gardiens de la révolution pour importer des marchandises de Chine et d’ailleurs à des fins lucratives. Les gardiens de la révolution, qui accaparent la part du lion de l’économie iranienne, ont pratiquement créé une armée de chômeurs et d’affamés. Les détournements de fonds institutionnels et la gangrène de la corruption ont dévoré et paralysé l’économie. Les deux soulèvements de janvier 2018 et novembre 2019, déclenchés par l’inflation et la pauvreté, ont ébranlé les fondements du pouvoir.

Dans cette situation explosive, on ne sait toujours pas quelle stratégie a le gouvernement pour les négociations sur le dossier nucléaire, le JCPOA. Il semble que les conditions s’avèrent plus difficiles de jour en jour pour l’Iran.

Iranian President Hassan Rouhani reviews Iran's new nuclear achievements during Iran's National Nuclear Energy Day in Tehran

Malgré la situation explosive, aucune stratégie du gouvernement ne se dessine pour les négociations.

“Certains pays occidentaux continuent d’user des mêmes illusions de pression maximale pour obtenir des concessions, notamment la France, écrit le quotidien Siyasat-e Rouz. Dans ce contexte, ces derniers jours, le ministère français des Affaires étrangères a demandé à l’Iran de cesser de violer cet accord, sans évoquer les violations répétées de l’Occident. »

Certains cercles du pouvoir – le CGRI (Corps des Gardiens de la révolution) et Saadullah Zarei, directeur du Centre intellectuel de force Quds (unité extraterritoriale du CGRI) pensent que les changements dans la frontière nord-ouest avec l’Azerbaïdjan, ainsi que la prise du pouvoir par les Talibans, offrent la possibilité d’exercer davantage de pression sur Téhéran.

Selon un analyste proche du régime iranien, la convergence de vue entre l’Europe et les États-Unis dans les pourparlers nucléaires n’a jamais été aussi forte. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett doit rencontrer sous peu le président russe Vladimir Poutine pour peut-être le persuader de faire pression sur l’Iran. Ils voudront sans doute soumettre la question au Conseil de sécurité.

Un autre analyste iranien, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a déclaré qu’aujourd’hui le pays “fait face à un ennemi étranger et à de graves menaces intérieures”. Si l’armée des affamés et des chômeurs se met en marche, son intensité sera bien plus violente qu’en 2019. “Les gens sont dans le brouillard, estime un ingénieur travaillant à Téhéran. La situation dans le pays est comme un immeuble dont les fondations s’affaissent.”

La confusion semble s’être emparée du gouvernement iranien, mais en tout état de cause trois options se présentent pour des négociations : ‌

Convaincu de l’absence d’une réponse européenne ferme, comme l’adoption d’une résolution par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA (l’Agence internationale de l’énergie atomique), le régime iranien veut forcer l’Europe à accepter un retour à l’accord de 2015 par le biais d’une « diplomatie dissuasive ». Un accord qui a permis au régime iranien à la fois de vendre du pétrole et de récupérer de l’argent bloqué, et qui a laissé libre cours à son ingérence régionale et au développement d’un programme de missiles de longue portée.

La deuxième option pourrait être de gagner du temps pour obtenir l’uranium enrichi nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique afin d’arracher des concessions aux Européens. Cependant, les informations obtenues montrent qu’étant donné les sabotages dans des installations de Natanz et l’élimination de Mohsen Fakhrizadeh, le père du programme nucléaire iranien, il ne sera plus possible d’acquérir une bombe atomique avant longtemps. Pour gagner du temps, il faut faire chanter l’Europe.

Et la troisième option qui devient de plus en plus probable est que, selon un ancien responsable de la recherche stratégique sous la présidence de Khatami, l’effondrement économique et les pressions écrasantes qui en découlent, ainsi que les craintes d’un nouveau soulèvement, vont amener Khamenei à conclure qu’il n’y a pas d’autre moyen que d’accepter les exigences des cinq membres permanents du conseil de sécurité des Nations unies plus l’Allemagne.

A l’instar de la capitulation devant la résolution 598 de l’ONU pendant la guerre Iran-Irak, ou la libération des otages américains par Khomeiny sous la pression internationale…

Contribution de –

Hamid Enayat

Ecrivain et expert de l’Iran basé à Paris. Depuis trente ans, il écrit régulièrement sur les problématiques iraniennes.

*Les opinions exprimées sont personnelles.

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