Après des années d’hostilité qui ont menacé la paix et la sécurité du Golfe et alimenté des conflits allant du Yémen à la Syrie, l’Iran et l’Arabie saoudite ont décidé vendredi de renouer le dialogue.
Les hauts responsables de la sécurité des deux puissances concurrentes du Moyen-Orient se sont réunis à Pékin pendant quatre jours avant de rendre public l’accord qui n’avait pas été divulgué auparavant.
Dans une déclaration commune, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Chine ont annoncé que les deux pays du Golfe avaient décidé de reprendre leurs relations diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades dans un délai de deux mois. Le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans les affaires intérieures sont tous deux affirmés dans l’accord.
Après la prise d’assaut de son ambassade à Téhéran lors d’un différend entre les deux pays concernant l’exécution par Riyad d’un religieux musulman chiite, l’Arabie saoudite a rompu ses relations avec l’Iran en 2016.
Le royaume a également tenu l’Iran pour responsable des attaques contre des pétroliers dans les eaux du Golfe, ainsi que des frappes de missiles et de drones sur ses installations pétrolières en 2019. Téhéran a réfuté ces accusations.
Le mouvement Houthi au Yémen, soutenu par l’Iran, a également lancé des attaques de drones et de missiles transfrontaliers contre l’Arabie saoudite, qui est à la tête d’une coalition combattant les Houthis. En 2022, ces attaques se sont étendues aux Émirats arabes unis.
Le haut responsable de la sécurité iranienne, Ali Shamkhani, et le conseiller à la sécurité nationale de l’Arabie saoudite, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, ont convenu de relancer un accord de coopération en matière de sécurité datant de 2001, ainsi qu’un accord antérieur sur le commerce, l’économie et l’investissement.
Wang Yi, le plus haut fonctionnaire chinois, a salué l’accord comme un succès pour le dialogue et la paix et a promis que Pékin continuerait à contribuer positivement à la résolution des problèmes mondiaux difficiles.
John Kirby, porte-parole de la politique de sécurité nationale à la Maison Blanche, a déclaré que l’Arabie saoudite avait tenu Washington informé des négociations à Pékin, mais que Washington n’y avait pas pris une part active. Il a affirmé que Washington avait soutenu l’initiative dans le but de mettre un terme au conflit au Yémen.
“Il ne s’agit pas de la Chine. Nous soutenons tout effort de désescalade des tensions dans la région. Nous pensons que c’est dans notre intérêt, et c’est quelque chose sur lequel nous avons travaillé grâce à notre propre combinaison efficace de dissuasion et de diplomatie”, a déclaré M. Kirby.
Sous l’administration du président Joe Biden, les liens stratégiques de longue date entre Riyad et Washington se sont distendus en raison du bilan du royaume en matière de droits de l’homme, de la guerre au Yémen et, plus récemment, des relations avec la Russie et de la production pétrolière de l’OPEP+.
En comparaison, la visite très médiatisée du président Xi Jinping en Arabie saoudite il y a trois mois a mis en évidence les liens croissants entre ce pays et la Chine. L’annonce de vendredi est intervenue le jour même où M. Xi s’est assuré un troisième mandat à la présidence de la Chine en dépit de nombreuses difficultés.
L’Iran et l’Arabie saoudite, les deux principales puissances musulmanes chiite et sunnite du Moyen-Orient, sont en désaccord depuis longtemps. Ils ont soutenu des camps opposés