Les étudiants chinois pro-démocratie qui fréquentent les universités australiennes sont harcelés et vivent dans la crainte d’être punis s’ils s’expriment sur des questions sensibles, selon un nouveau rapport.
Human Rights Watch a observé que ces étudiants et universitaires se sentent sous pression et sont surveillés en Australie, ce qui conduit à l’autocensure dans les salles de classe. La liberté académique des universités australiennes est mise à mal par la pression perçue.
Le système d’enseignement supérieur australien est fortement tributaire des étudiants chinois payants, qui représentaient 40 % de l’ensemble des étudiants internationaux dans le pays avant l’arrivée de l’Union soviétique. Ce sont environ 160 000 étudiants chinois qui sont inscrits dans les universités australiennes. En raison de l’influence croissante de la Chine sur le terrain universitaire de l’Australie ces dernières années, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont détériorées.
Selon les étudiants interrogés par Human Rights Watch, l'”atmosphère de peur” a augmenté ces dernières années. Les recherches ont confirmé trois cas où les actions d’un étudiant ont été portées à l’attention de ses parents ou de ses proches par la police qui lui a demandé d’expliquer lesdites actions.
Dans un cas, un étudiant a même été menacé de prison parce qu’il avait ouvert un compte Twitter qui diffusait des messages pro-démocratiques en Australie.
Selon le rapport : ” Beaucoup craignaient que des camarades de classe les dénoncent à l’ambassade de Chine. La crainte que ce qu’ils faisaient en Australie puisse amener les autorités chinoises à punir ou à interroger leurs parents dans leur pays pesait lourdement dans l’esprit de tous les étudiants pro-démocratie interrogés.”
Le harcèlement des étudiants s’est intensifié depuis les manifestations locales pro-Hong Kong de 2019. Parmi les étudiants interrogés, 11 étaient originaires de Chine continentale et 13 de Hong Kong. Les étudiants disent avoir été maltraités verbalement et en ligne après avoir participé à des rassemblements ou exprimé des critiques envers le gouvernement chinois. Certains ont été “doxés”, c’est-à-dire que leurs données personnelles ont été divulguées, selon les rapports.
Un cas a été relayé dans le rapport : une tutrice qui a essayé de protéger un étudiant taïwanais contre les brimades d’un étudiant de Chine continentale a vu ses informations personnelles divulguées en ligne sur les médias sociaux chinois.
Selon Human Rights Watch, ces actions sont le fait d’une petite minorité très motivée plutôt que de la plupart des étudiants chinois. Les universitaires ont également constaté que la montée du nationalisme parmi les étudiants est en hausse depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2013. Ils ont également signalé qu’à certaines occasions, la direction de l’université les dissuadait de discuter publiquement de la Chine et les décourageait d’organiser des événements liés à la Chine.