La ministre sud-africaine des Affaires étrangères a évité de condamner les exercices militaires conjoints avec la Russie et la Chine lundi, et a défendu l’exercice prévu en déclarant que la réalisation de tels exercices avec des “amis” était le “cours naturel des relations”.
La ministre des affaires étrangères, Naledi Pandor, a fait cette déclaration lors d’une réunion avec son homologue russe, Sergei Lavrov, qui était invité en Afrique du Sud pour la première fois depuis que la Russie a envahi l’Ukraine il y a 11 mois.
Un responsable sud-africain a indiqué que M. Lavrov se rendrait ensuite à Eswatini, au Botswana et en Angola.
L’Afrique du Sud est un allié stratégique de la Russie, parmi d’autres pays, sur un continent où les opinions divergent quant à l’invasion et où l’Occident tente de la prendre à son compte et d’isoler le plus grand pays en raison de ses actions militaires.
Lavrov s’est rendu en Afrique du Sud lundi, un jour avant l’arrivée de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, pour un long voyage, dans le cadre d’une stratégie visant à mettre les États-Unis sur la touche.
Les États-Unis s’en inquiètent toutefois et ont fait part de leur inquiétude.
“Les États-Unis sont préoccupés par tout pays (…) qui s’exerce avec la Russie alors que celle-ci mène une guerre brutale contre l’Ukraine”, a déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche.
Les partis d’opposition sud-africains et même une petite partie de la communauté ukrainienne du pays se sont opposés à l’accueil de M. Lavrov, estimant qu’il s’agissait d’un acte insensible. La principale opposition, l’Alliance démocratique, a demandé instamment l’annulation des exercices.
Exercices militaires
L’Afrique du Sud a maintenu sa neutralité dans le conflit ukrainien et a refusé de voter les résolutions de l’ONU sur la guerre. Même après de fortes pressions de la part des États-Unis, Pretoria a refusé de se joindre à l’Occident pour condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Elle entretient de solides relations avec la Russie, alliée du Congrès national africain au pouvoir depuis l’époque où celui-ci n’était qu’un mouvement de libération s’opposant à la domination de la minorité blanche. La nation africaine accueillera les marines russe et chinoise pour des exercices conjoints du 17 au 27 février à Durban, sur sa côte est.
“Tous les pays effectuent des exercices militaires avec leurs amis dans le monde entier. C’est le cours naturel des relations”, a déclaré Mme Pandor, aux côtés de M. Lavrov, aux journalistes dans la capitale, Pretoria.
Elle a réitéré sa position et a dit qu’elle voyait une solution diplomatique par le dialogue. “En tant qu’Afrique du Sud, nous souhaitons sincèrement que le conflit en Ukraine trouve rapidement une issue pacifique par la diplomatie et la négociation”, a-t-elle déclaré.
Les exercices militaires se dérouleraient le 24 février, date anniversaire de l'”opération militaire spéciale” de la Russie.
La Russie est accusée par l’Ukraine et ses partisans d’avoir annexé des territoires de l’ancien pays soviétique voisin.
Le gouvernement sud-africain, avec Cyril Ramaphosa comme président, a montré sa volonté de considérer le conflit ukrainien comme une partie neutre.
Mme Pandor a souligné que, même si la nation avait au départ appelé la Russie à se retirer uniquement de l’Ukraine, elle ne restait plus sur cette position.
“Répéter cela (…) à M. Lavrov aujourd’hui me ferait paraître assez simpliste et infantile, étant donné le transfert massif d’armes (vers l’Ukraine) (…) et tout ce qui s’est passé (depuis)”, a-t-elle déclaré.
Lavrov a respecté le point de vue impartial de l’Afrique du Sud depuis le début de la guerre, il y a un an, et a continué à rendre l’Ukraine et l’Occident entièrement responsables du conflit.
Il a déclaré : “Il est bien connu que nous avons soutenu la proposition de la partie ukrainienne de négocier au début de l’opération militaire spéciale… il est bien connu que nos collègues américains et britanniques et certains de nos collègues européens ont dit à l’Ukraine qu’il était trop tôt pour négocier.”
Il a également rejeté les allégations selon lesquelles la Russie vise les civils, même après avoir attaqué à de nombreuses reprises des bâtiments résidentiels en Ukraine, ce qui, selon les experts, est un facteur important contribuant aux crimes de guerre.
La Russie s’est également opposée sans relâche aux demandes ukrainiennes et occidentales visant à ce qu’elle se retire entièrement de l’Ukraine comme critère pour toutes sortes de négociations.
Les experts sont d’avis que le fait que l’Afrique du Sud accueille des exercices militaires avec la Russie pourrait avoir des répercussions sur sa position sur la scène internationale.
La visite du président russe Vladimir Poutine en Afrique du Sud à l’occasion de la réunion des BRICS qui se tiendra plus tard dans l’année a également été prolongée, bien que l’on ne sache pas encore s’il acceptera l’invitation.
L’Afrique du Sud, la Russie et la Chine font toutes partie des BRICS, qui comprennent également le Brésil et l’Inde.