La France a revu son approche en Afrique de l’Ouest et s’est engagée à fournir une assistance militaire à la Côte d’Ivoire après que le Burkina Faso voisin a ordonné le départ des troupes françaises et promis de réprimer seul une insurrection islamiste qui s’aggrave.
Le ministre français, Sébastien Lecornu, s’est abstenu de tout commentaire sur la décision du Burkina Faso lors d’une visite officielle dans le centre commercial de la Côte d’Ivoire, Abidjan, même s’il a réitéré l’engagement de la France à traiter les questions de sécurité en Afrique de l’Ouest, où l’insurrection islamiste se propage.
“Nous allons renforcer la coopération avec la Côte d’Ivoire en termes de formation et d’équipement, car c’est un pays important pour nous”, a-t-il déclaré aux journalistes.
“La Côte d’Ivoire et le Niger peuvent saisir l’occasion pour se positionner comme des alternatives afin d’être les nouveaux pays au cœur de la présence occidentale et française dans la lutte contre le terrorisme”, a déclaré l’historien ivoirien et analyste de la défense Arthur Banga.
Bien que des sources diplomatiques et de défense françaises aient déclaré en janvier que les forces spéciales seraient transférées au Niger, où une présence importante de forces françaises et européennes est actuellement stationnée, la France n’a pas officiellement annoncé où elle redéployerait les troupes. Au Tchad, la France a également une présence militaire importante.
Les discussions sur la manière d’arrêter la progression de l’insurrection vers le sud ont été suscitées par l’inquiétude croissante de la région quant à la sécurité des États voisins comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, qui ont connu une recrudescence des attaques ces dernières années.
Selon un responsable du ministère français de la défense voyageant avec Lecornu, l’armée ivoirienne est en bonne position pour jouer un rôle important dans le conflit qui oppose la région aux insurgés. Le fonctionnaire a également salué l’investissement “impressionnant” du Bénin dans le renforcement de ses forces militaires.
Le fonctionnaire a déclaré : “La Côte d’Ivoire et le Bénin ont la volonté de lutter contre le terrorisme.”
Début mars, le président français Emmanuel Macron doit se rendre en Afrique subsaharienne, mais il devrait éviter de visiter les anciennes possessions françaises du Sahel.
Insurrection islamiste dans la région du Sahel
L’annonce par le Burkina Faso, dimanche, de la fin officielle des opérations militaires françaises sur son territoire a fait entrer la lutte de la région du Sahel dans une nouvelle phase avec les organisations islamistes affiliées à Al-Qaïda et à l’État islamique.
Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, les deux organisations terroristes se sont emparées de vastes étendues de terres et ont chassé des millions de personnes de leurs foyers.
On ignore comment les autorités burkinabè entendent compenser le retrait de quelque 400 forces spéciales françaises de leur région, qui, selon le Centre africain de recherche stratégique (CARS), a connu l’an dernier le plus grand nombre d’attentats islamiques au Sahel, avec quelque 3 600 personnes assassinées.
Lundi, l’armée burkinabè a annoncé qu’au moins 51 soldats avaient été tués dans une embuscade la semaine précédente, ce qui constitue l’un des bilans les plus lourds de mémoire récente pour une seule attaque contre les forces burkinabè.
D’autres États de la région pourraient être en mesure de se positionner comme des partenaires plus fiables pour les puissances occidentales à la suite du rejet par le Burkina Faso de l’aide militaire française.