Le plus grand procès pour corruption de l’histoire du Mozambique est en cours dans une prison de haute sécurité, au moment même où la crédibilité du système judiciaire du pays est mise à l’épreuve en Afrique du Sud voisine.
Le scandale porte sur plus de 2,7 milliards de dollars (2 milliards de livres sterling) de dettes publiques non déclarées – de l’argent que le gouvernement a emprunté pour mettre en place une industrie thonière sophistiquée – pour acheter des chalutiers et des patrouilleurs militaires, mais une grande partie de cet argent aurait été détournée au profit de fonctionnaires corrompus. Manuel Chang est l’un de ces fonctionnaires présumés.
L’ancien ministre des Finances, qui a signé les prêts il y a environ huit ans, est en détention en Afrique du Sud depuis décembre 2018. L’homme politique et économiste de 66 ans a nié avoir accepté 7 millions de dollars de pots-de-vin. Il a néanmoins été arrêté à la demande des États-Unis, où des investisseurs ont été touchés par le scandale. Cependant, il est resté dans les limbes de l’Afrique du Sud pendant des années, le Mozambique ayant déposé une demande concurrente pour son extradition.
Son sort a semblé décidé en août lorsque le ministre sud-africain de la justice a décidé que M. Chang devait être envoyé au Mozambique pour y être jugé. Cette décision a toutefois été contestée par des groupes de la société civile au Mozambique et en Afrique du Sud, qui se demandent si le Mozambique a la volonté politique ou la capacité de mener des poursuites en bonne et due forme.
