La Banque mondiale a annoncé mardi, dans un communiqué, l’exclusion de Colas Madagascar S.A., de tous ses projets pour une durée de deux ans. Cette sanction découle d’une enquête menée par la vice-présidence « Intégrité » du groupe de la Banque concernant les travaux d’agrandissement et de rénovation des aéroports d’Ivato et de Fascène à Nosy Be. Cette entreprise de construction basée à Madagascar aurait eu recours à des « pratiques collusoires et frauduleuses » dans le cadre de la réalisation du projet Airports Madagascar.
La sanction implique également sa filiale le CMBI SNC et les mettront inéligibles à participer aux projets et opérations financés par les institutions du groupe de la Banque mondiale. Ce, conformément aux accords « de règlements en vertu duquel l’entreprise reconnaît la responsabilité des pratiques sous-jacentes passibles à des sanctions », et auquel elle s’est engagée « à respecter les conditions de conformité ».
La Société financière internationale (IFC) a financé partiellement la conception et le développement des travaux d’agrandissement et de rénovation des principaux aéroports de Madagascar. Dans son communiqué, la Banque mondiale précise que la société Colas Madagascar s’est livrée à des pratiques collusoires en organisant des rencontres abusives avec des responsables gouvernementaux entre le 4 février 2015 et le 4 mai 2015, lors de l’appel d’offres pour le contrat de 28 ans pour la concession d’exploitation des aéroports. Colas Madagascar S.A. a également commis une pratique frauduleuse en omettant de divulguer ces réunions à l’IFC.
Le groupe de la Banque mondiale a également annoncé dans le même dossier « une sanction de 24 mois pour la société française ADP International S.A. » (anciennement ADP Management), développeur, exploitant et gestionnaire d’aéroports. Cette filiale de l’ « Aéroports de Paris S.A. » est également épinglée pour des pratiques collusoires et frauduleuses en assistant à des « réunions irrégulières avec les responsables gouvernementaux organisées par Colas Madagascar S.A ».
La société française « Bouygues Bâtiment International », est également sanctionnée par le groupe de la Banque mondiale pour sa participation à ces réunions irrégulières avec les responsables gouvernementaux. Néanmoins, elle reste éligible aux projets et opérations du groupe de la Banque mondiale, mais sous certaines conditions.
Depuis le mois de décembre 2016, le Consortium Ravinala Airports regroupant l’Aéroport de Paris, Bouygues Bâtiment International, Colas Madagascar et Meridiam, est devenu le nouveau gestionnaire des aéroports d’Ivato et de Nosy-Be, suite au contrat de concession signé en juillet 2015 entre cette société et le gouvernement. Ces deux aéroports les plus rentables et les plus fréquentés à Madagascar étaient gérés auparavant par l’Adema. Ce projet était estimé à 220 millions d’euros.
Après plusieurs mois de divergences et de négociations, un avenant au contrat a été signé par l’exécutif et le consortium en mi-décembre. Ravinala Airports a dû consentir à la révision de plusieurs points du contrat en faveur de la partie malgache.