Gaëtan Duval a occupé avec verve et extravagance la scène politique mauricienne pendant une trentaine d’années. Ministre flamboyant, tribun populiste, Gaëtan ne laissait personne indifférent. On l’adulait ou le haïssait, ses ennemis semblaient admirer en secret sa fougue et ses audaces. Devenu Commandeur de la légion d’honneur en 1973, il fut élevé au rang de Chevalier en 1981 par la reine d’Angleterre.
Plusieurs fois Vice Premier ministre et ministre, lord-maire de Port-Louis, maire de Curepipe, homme de loi flamboyant, Sir Gaëtan Duval fut aussi un diplomate et brillant ambassadeur du tourisme. D’ailleurs, il fit connaître l’île Maurice au monde entier. Sa réputation dépassait celle de son pays natal et son nom résonne encore là où il a laissé son empreinte, que ce soit aux confins de l’Afrique francophone ou dans les grandes capitales européennes.
Gaetan Duval est né à Rose-Hill le 9 octobre 1930 au sein d’une famille de la petite bourgeoisie créole, à rue Barkly, Rose-Hill. Son père Charles était un fonctionnaire et sa mère Rosida était une femme au foyer. Très tôt, il eut la douleur de perdre son père mais cela ne l’empêcha pas d’avoir une scolarité exemplaire. Il a mis le cap sur l’Europe où il fit de brillantes études à Londres et à Paris.
Il fit son entrée au Parlement le 25 mars 1960 et décida de combattre la popularité du Parti Travailliste en établissant une relation de proximité avec ses mandants. Il défendit la cause des nombreuses victimes du cyclone Carol de 1960 et obtint les faveurs des minorités ethniques qui craignaient pour leur avenir.
Au lendemain de l’indépendance, la situation économique était catastrophique et le pays était divisé par les récents affrontements ethniques, Duval décida dans l’intérêt supérieur du pays de faire une coalition avec le Parti Travailliste, au détriment de sa popularité. Une coalition qui fut à la base de nombreux développements, notamment le tourisme, la zone franche et autres.
Mais Gaëtan Duval fut avant tout un grand humaniste, qui aimait croquer la vie à pleines dents et vivait à 100 à l’heure, mais il ne restait jamais insensible à la misère humaine.
Gaëtan, Joe pour beaucoup, nous a quitté le 5 mai 1996. Pour lui rendre hommage dans l’après midi du 6 mai, l’église de St. Jean fut témoin d’une vraie marée humaine venue des quatre coins du pays à l’endroit où il sera enterré. De mémoire, jamais une foule ne fut aussi grande mais elle était assurément à la mesure de l’homme qui s’en était allé.
