Avec une dette publique avoisinant 95% de notre produit intérieur brut, et compte tenu d’un déficit budgétaire de 5% du PIB, force est de constater que l’Etat risque de se retrouver dans un cercle vicieux d’endettement. Ce phénomène correspond à ce que les économistes appellent l’effet boule de neige.
Un déficit budgétaire signifie que les dépenses publiques sont supérieures aux recettes. Afin de financer ce déficit, l’Etat doit contracter des emprunts, par exemple en émettant des titres publics. Donc, un déficit budgétaire entraîne une augmentation de la dette publique, un accroissement des charges d’intérêts sur les emprunts, et donc plus de dettes, et plus d’intérêts que devront supporter les générations futures. Comme la boule de neige qui s’enfle, la dette risque ainsi de devenir insoutenable. Cela est d’autant plus vrai que si le taux d’endettement dépasse la barre de 60% du PIB, ou que le déficit budgétaire dépasse le seuil de 3% du PIB, ou que le taux de croissance économique est plus faible que le taux de croissance de la dette.
Déficit budgétaire de 5 % du PIB et ratio de la dette de 95%
C’est pour cette raison que le ministre des Finances a posé une hypothèse de croissance de 9% du produit intérieur brut á Maurice pour l’année fiscale 2021-2022. Si cette hypothèse ne se réalise pas, il y a un risque que l’accumulation des dettes ne devienne pas soutenable á long terme : un réel danger.
Toujours selon le budget 2020-21, l’économie mauricienne a enregistré une décroissance de 14,9% en 2020, avec le secteur du tourisme qui a été le plus touché, à cause de la fermeture des frontières. Le grand argentier a fait part de son optimisme quant à la reprise de la croissance, compte tenu de la réouverture des frontières rendue possible grâce à une vaste campagne de vaccination. Il a aussi mis l’accent sur l’effet catalyseur de l’investissement public dans divers projets – notamment une nouvelle Cité Administrative, un barrage à Rivière des Anguilles, les projets routiers, le projet d’égouts à Grand Baie, la construction de 12000 logements sociaux, la construction et l’agrandissement des écoles, un hôpital moderne pour les yeux et des projets de drain.
L’économie de Maurice se trouve encore une fois á une croisée de chemins. La croissance équilibrée et suffisamment forte doit être maintenue au risque de s’engouffrer dans une crise de la dette. C’est comme marcher sur le fil d’un rasoir !
