La messe traditionnelle du 01 février à l’occasion du 188e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à Maurice a eu lieu en l’église Saint-Cœur-de-Marie à Petite-Rivière. Dans une homélie aux accents de témoignage, le Cardinal Piat s’est livré avec franchise et humilité sur le chemin qu’il a parcouru sur la question créole depuis le début de son épiscopat. Il est revenu sur le soutien, l’amitié et l’interpellation de ses amis et prêtres créoles, notamment le père Roger Cerveaux, qui l’ont aidé à comprendre le monde créole.

« Une langue n’est pas qu’un sujet. C’est quelque chose qui nous touche au fond. La langue créole mérite un grand respect. ‘Se langaz mama sa’. C’est pour cela que lors de l’introduction de la langue créole à l’église, ‘kan mo tane passaz labib an kreol mo tousse’ », a-t-il dit.
Il poursuit : « En 1996, j’avais pris la responsabilité du diocèse de Port-Louis. J’avais demandé aux laïcs de réfléchir. La première lettre pastorale portait sur le ‘malaise créole’. Lorsque j’ai été élevé évêque, il y avait des interviews dans la presse. Dans chaque interview, il y avait la question : pourquoi un créole n’a pas été élevé évêque de Port-Louis ? Pour comprendre la question créole, il faut comprendre la source de la souffrance qu’est l’esclavage. Il faut prendre au sérieux l’humiliation d’un peuple. »
Le Cardinal a aussi parlé de la loi promulguée au 18e siècle sous l’occupation française, le Code Noir visait à donner un cadre juridique au statut d’esclave. Sous cette loi inique, l’esclave, qui avait été au front de la construction du pays dès le départ, était considéré comme un « bien meuble achetable et vendable » par le maître. L’Évêque de Port-Louis a notamment affirmé avoir pris du temps pour reconnaitre l’horreur des pratiques liées à l’esclavage. Il devait aussi affirmer, je cite, « que mes ancêtres avaient aussi des esclaves qui auraient été auteurs de telles pratiques. »
Revenant sur l’abolition de l’esclavage, le Cardinal Piat a affirmé que c’est l’un des moments les plus importants de notre pays. « Cette célébration est au même rang que l’indépendance de notre pays. »