Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le Premier ministre australien Scott Morrison lui a menti au sujet d’un contrat de sous-marin abandonné. Cependant, il ne pense pas que M. Morrison ait été malhonnête.
Morrison nie avoir été malhonnête. La rencontre entre les deux hommes au sommet du G20 était leur première depuis l’éclatement de la polémique en septembre.
En marge du rassemblement à Rome, un journaliste australien a demandé au président Macron s’il pouvait à nouveau faire confiance à M. Morrison.
“Nous verrons ce qu’il va livrer”, a répondu M. Macron.
“J’ai beaucoup de respect pour votre pays. J’ai beaucoup de respect et beaucoup d’amitié pour votre peuple. Je dis simplement que lorsque nous avons du respect, vous devez être vrai et vous devez vous comporter en accord et en cohérence avec cette valeur.”
L’annulation de l’accord a provoqué une rupture amère entre la France, l’Australie et les États-Unis.
Morrison a rapidement nié avoir menti et a déclaré qu’il avait expliqué à Macron lors d’un dîner à l’Élysée en juin que les sous-marins qui devaient être fournis par la société française Naval Group n’allaient pas répondre aux besoins australiens. “J’ai été très clair sur le fait que les sous-marins conventionnels n’allaient pas pouvoir répondre à nos intérêts stratégiques et que nous allions devoir prendre une décision dans notre intérêt national”, a déclaré Morrison.
Certains responsables australiens familiers de la conversation du dîner de juin ont déclaré que M. Macron avait à un moment donné dit à M. Morrison “Je n’aime pas perdre” – un commentaire que les Australiens ont interprété comme un signe que les Français savaient alors qu’ils risquaient sérieusement de perdre le marché des sous-marins.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé cette décision comme “un coup de poignard dans le dos”, et Paris a temporairement rappelé ses ambassadeurs en Australie et aux États-Unis.
S’exprimant après les commentaires de M. Macron, Scott Morrison a déclaré aux journalistes qu’il n’avait pas menti au président, et qu’il avait déjà fait des déclarations à ce sujet.
Vendredi, le président américain Joe Biden a également tenu sa première réunion en face à face avec M. Macron depuis l’adoption du pacte Aukus.
Au cours de cet échange apparemment maladroit, M. Biden a admis que les États-Unis avaient été “maladroits” dans les négociations. M. Macron a déclaré qu’il était important de “regarder vers l’avenir”.
Les dirigeants auront plus de temps pour se réconcilier, puisqu’ils se rendent tous les trois dans la ville écossaise de Glasgow pour le sommet sur le changement climatique COP26.
Le pacte Aukus permettra à l’Australie de construire des sous-marins à propulsion nucléaire pour la première fois, en utilisant une technologie fournie par les États-Unis. Il couvrira également l’IA et d’autres technologies, et constitue l’un des plus grands partenariats de défense de l’Australie depuis des décennies.
Le pacte a fait échouer un accord signé par l’Australie en 2016 pour que la France construise 12 sous-marins conventionnels.
Il est largement considéré comme un effort pour contrer la puissance militaire croissante de la Chine. La Chine a condamné l’accord comme étant “extrêmement irresponsable”.
