Le 6 janvier 2021, les partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole après avoir été encouragés par l’ancien président des Etats-Unis, battu par Joe Biden quelques semaines plus tôt.
Un an et demi après l’attaque du Capitole par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021, une commission d’enquête parlementaire a rendu ses conclusions vendredi 10 juin. Selon ce groupe d’élus, constitué de sept démocrates et de deux républicains, l’assaut du siège du Parlement américain a été l’“apogée d’une tentative de coup d’Etat” visant à maintenir au pouvoir l’ex-président américain, tout juste battu à l’élection présidentielle par le démocrate Joe Biden.
La commission d’enquête de la Chambre des représentants a présenté jeudi ses premières conclusions sur l’attaque du 6 janvier 2021. Retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision, cette audition publique a mis en évidence la responsabilité de l’ancien président américain.
“Donald Trump était au centre de ce complot”, a déclaré le parlementaire démocrate Bennie Thompson, qui dirigeait cette commission d’enquête. “Notre démocratie est toujours en danger. Le complot visant à contrer la volonté du peuple n’est pas terminé”, a-t-il alerté alors que des millions de partisans de Donald Trump restent convaincus que l’élection de 2020 aurait été entachée de fraudes, et ce malgré les innombrables preuves du contraire.
Pendant près d’un an, la commission a entendu plus de 1 000 témoins (dont deux enfants de l’ex-président) et épluché 140 000 documents pour faire la lumière sur les faits et gestes précis de Donald Trump avant, pendant et après l’assaut du Capitole. Ils ont conclu que les manifestants avaient bien envahi le siège du Congrès américain après “les encouragements” de Donald Trump.
Assis sous un écran géant, les neuf membres de la commission siégeaient dans une atmosphère solennelle, devant un parterre nourri de photographes. L’audition était réglée minutieusement, menée par Bennie Thompson et la vice-présidente de la commission, la républicaine Liz Cheney (Wyoming). « Le 6 janvier et les mensonges ayant conduit à l’insurrection ont mis en danger deux siècles et demi de démocratie constitutionnelle », a dit Bennie Thomson, pour cadrer l’enjeu du moment. Mais c’est surtout Liz Cheney qui a imprimé sa marque à l’audition. Devenue une pestiférée au sein du parti républicain, honnie par Donald Trump, elle s’est engagée depuis des mois dans une croisade pour établir la vérité sur le 6 janvier, en compagnie de l’autre élu de son parti au sein de la commission, Adam Kinzinger (Illinois). Pour la fille de l’ancien vice-président Dick Cheney, il s’agit du combat décisif de sa vie politique, qui n’autorise ni faiblesse, ni demi-mesure.
Parlant d’une voix tendue, implacable, mais toujours maîtrisée, Liz Cheney a déroulé un véritable acte d’accusation contre l’ancien dirigeant. « Le président Trump a convoqué la foule, rassemblé la foule et allumé la mèche de cette attaque », a-t-elle dit. « Au cours de nombreux mois, a-t-elle poursuivi, Donald Trump a supervisé et coordonné un plan sophistiqué en sept parties pour renverser l’élection présidentielle et empêcher le transfert du pouvoir présidentiel. » La commission, dont les travaux se poursuivront jusqu’à la rentrée, est donc déjà arrivée à la conclusion que le président se trouvait en première ligne dans la « tentative de coup d’Etat ». Après le 6 janvier et l’échec du projet, ses conseillers auraient même estimé qu’il « était trop dangereux pour être laissé seul », a ajouté Liz Cheney, indiquant également que des membres du cabinet avaient alors discuté d’une possible invocation de l’article 25 de la Constitution, en vue d’une destitution du président.